Le suicide et la consommation de substances psychoactives

Article rédigé en collaboration avec le Centre de prévention du suicide de Lanaudière.


Il y a quelques jours se terminait la Semaine nationale de la prévention du suicide. Pour l’occasion, nous invitions nos partenaires et la population à nous aider à vaincre les tabous entourant le suicide et à faire connaître les ressources d’aide que sont :

  • La ligne d’intervention 24/7, le 1 866 APPELLE (1 866 277-3553) ;
  • L’intervention par texto au 535353 ;
  • L’intervention par clavardage, accessible au suicide.ca.

Se collant au thème de l’événement « Et si t’en parlais ? », le Réseau nous a proposé de rédiger un article faisant un lien entre nos causes respectives, soit le suicide et les troubles d’usage de substances.

Quel lien y a-t-il entre ces deux éléments ?

Lorsqu’une personne consomme certaines substances, on peut parfois observer une altération de son jugement, de ses perceptions et de ses émotions. De la même façon, il est possible que ses peurs et ses inhibitions soient diminuées, augmentant le risque qu’elle pose un geste impulsif. Si cette personne vit de la détresse, cette impulsivité peut se traduire par un passage à l’acte suicidaire qui n’aurait peut-être pas eu lieu si elle n’avait pas été en état de consommation.

De plus, chez une personne aux prises avec un trouble d’usage de substances, la consommation devient le moyen privilégié pour faire face à ses problèmes et gérer ses émotions. À long terme, cette surconsommation devient elle-même une source de problème. Elle peut ainsi générer de plus en plus de conséquences négatives dans les différentes sphères de vie de la personne, puis engendrer des d’émotions désagréables et une souffrance difficile à gérer. Cette souffrance amène parfois un découragement et une détresse pouvant faire naître ou aggraver des idées suicidaires.

Consommation et moments critiques

Si le suicide est un phénomène multifactoriel, certaines situations ou certains moments de la vie sont susceptibles d’augmenter le risque d’un passage à l’acte chez la personne en détresse. La rechute fait partie de ces moments critiques.

La personne en rechute peut faire face à des conséquences négatives lui faisant vivre du découragement, de la démotivation, de la déception, de la honte ou de la culpabilité. Ces sentiments lourds et douloureux peuvent alourdir le fardeau d’une personne en détresse et augmenter le risque qu’elle pose un geste suicidaire. C’est pourquoi il est important que la rechute soit prise en charge le plus rapidement possible, afin d’en limiter les conséquences négatives.

Chez une personne suicidaire, la descente après la consommation de certaines substances psychoactives, compte également parmi les moments qui augmentent le risque de passage à l’acte.

Les troubles d’usage de substances et le suicide : Quelques faits

  • La combinaison utilisation problématique de substance psychoactives et état dépressif pourrait favoriser l’émergence d’éléments pouvant mener à des idées suicidaires, comme le sentiment de solitude, le retrait social, l’état de désespoir, la pensée obsessionnelle ou la rumination d’idées noires ;
  • Le quart des personnes qui se suicident présentent une consommation problématique. Au Québec, cela représente environ 275 des 1100 suicides répertoriés en moyenne chaque année ;
  • Les personnes hospitalisées pour un trouble d’usage de médicaments prescrits sont plus à risque de suicide lors de la période suivant l’hospitalisation. Une étude démontre que 80 % d’entre elles souffrent aussi d’un trouble d’usage d’alcool et que 40 % utilisent d’autres substances psychoactives, peu importe leur sexe.

Et si t’en parlais ?

On ne le répètera jamais suffisamment, parler de sa détresse, que ce soit à un proche, à son médecin ou à un intervenant, ça ouvre des portes. Selon son rôle, la personne à qui on en parle peut alors nous offrir une écoute, nous aider à trouver des solutions et à renouer avec l’espoir, nous aider à nous relever ou nous accompagner vers des ressources d’aide compétentes.

Vous vous inquiétez pour vous ou pour un proche suicidaire ? Joignez un intervenant spécialisé en prévention du suicide, au 1 866 277-3553 (ouvert en tout temps).

Apprennez-en plus sur les services de réinsertion sociale et prévention de la rechute offerts au Réseau.

Rédigé par :

Roxane Rivard, agente de prévention et adjointe à la direction au Réseau
Patricia Bonin, intervenante au Centre de prévention du suicide de Lanaudière

Sources :

Ministère de la Santé et des Services sociaux, comité permanent de lutte à la toxicomanie. (1997). Suicide et toxicomanie, deux phénomènes interreliés.

INSPQ, Portail de l’Infocentre de santé publique du Québec. (Mars 2020). Taux de mortalité par traumatisme.

Consommation d’alcool et suicide : Fiche d’information. Sur le site de la Commission de santé mentale du Canada. Consulté le 25 janvier 2023. https://commissionsantementale.ca/resource/consommation-dalcool-et-suicide-fiche-dinformation/